Ordinateur quantique : comment et pourquoi l’utiliser ?

L’ordinateur quantique, avec sa capacité à traiter des informations à une vitesse vertigineuse, ouvre des perspectives inédites pour la recherche scientifique et l’industrie. Contrairement aux ordinateurs classiques qui utilisent des bits, les ordinateurs quantiques exploitent les qubits, capables de représenter simultanément plusieurs états. Cette technologie promet de révolutionner des domaines tels que la cryptographie, l’intelligence artificielle et la modélisation moléculaire.

Les entreprises et les chercheurs s’intéressent de plus en plus à cette innovation pour résoudre des problèmes complexes plus rapidement. Par exemple, la cryptographie quantique pourrait rendre les communications beaucoup plus sécurisées, tandis que la modélisation de nouveaux médicaments deviendrait plus efficace, accélérant ainsi les découvertes médicales.

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Comment fonctionne un ordinateur quantique ?

L’ordinateur quantique repose sur l’utilisation des qubits, qui peuvent être simultanément dans plusieurs états grâce au principe de superposition. Contrairement aux bits classiques qui sont soit 0, soit 1, les qubits peuvent représenter les deux états en même temps, augmentant ainsi la puissance de calcul de manière exponentielle. Les qubits peuvent être créés à partir de diverses plateformes matérielles, telles que les qubits supraconducteurs, les particules élémentaires ou encore les ions piégés.

Landry Bretheau, spécialiste du domaine, explique que dans un état ‘intriqué’, plusieurs calculs peuvent être effectués en parallèle. Cette capacité permet aux ordinateurs quantiques de résoudre des problèmes complexes beaucoup plus rapidement que les ordinateurs classiques. Cette puissance de calcul est aussi sujette à des défis, notamment la décohérence, qui détruit le caractère quantique des qubits et les ramène à l’état de bits classiques.

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Le processeur quantique est encore au stade exploratoire et nécessite une gestion complexe. Loïc Henriet souligne que nous aurons toujours besoin d’un processeur classique pour orchestrer l’ensemble des tâches de calcul. Les techniques de correction d’erreurs quantiques (QEC) sont développées pour atteindre une informatique quantique tolérante aux pannes. Ces corrections visent à compenser les effets de la décohérence et à stabiliser les calculs quantiques pour des applications pratiques.

L’algorithme de Shor, qui permet de factoriser efficacement un grand nombre en facteurs premiers, est l’un des exemples les plus connus de l’utilisation de l’ordinateur quantique. Cet algorithme a des implications majeures en cryptographie et en sécurité informatique, démontrant le potentiel révolutionnaire de cette technologie.

Les applications actuelles et futures de l’ordinateur quantique

L’ordinateur quantique, avec ses promesses de résoudre des problèmes complexes, suscite l’intérêt de plusieurs secteurs industriels et académiques. Google a démontré la puissance de cette technologie en réalisant une tâche computationnelle en quelques minutes que le plus avancé des ordinateurs actuels aurait mis des milliers d’années à accomplir. IBM met à disposition des petits ordinateurs quantiques en ligne pour favoriser la recherche et l’innovation.

Les applications de l’ordinateur quantique ne se limitent pas à la cryptographie.

  • Volkswagen utilise cette technologie pour réguler le trafic urbain, notamment à Lisbonne, optimisant ainsi la fluidité des déplacements.
  • Dans le domaine de la santé, Qubit Pharmaceuticals exploite les capacités des ordinateurs quantiques pour accélérer la conception de nouveaux médicaments, ouvrant la voie à des traitements plus ciblés et efficaces.

Les perspectives futures sont tout aussi prometteuses. La quête de la suprématie quantique, le point où un ordinateur quantique surpasse les capacités des ordinateurs classiques, est un objectif majeur. Divers acteurs tels que PsiQuantum, IonQ et Pasqal investissent massivement pour faire avancer cette technologie. PsiQuantum a ainsi levé 600 millions d’euros, tandis qu’IonQ et Pasqal ont respectivement levé 400 et 100 millions d’euros.

La Université de sciences et technologie de Chine a aussi fait des avancées significatives, créant un ordinateur quantique de 66 qubits, un million de fois plus rapide que celui de Google. Ces développements démontrent que l’ordinateur quantique est sur le point de transformer de nombreux secteurs, de la logistique à la finance, en passant par la recherche scientifique et médicale.

Les défis techniques et scientifiques à surmonter

L’ordinateur quantique, bien que prometteur, se heurte à plusieurs défis techniques. La décohérence des qubits, par exemple, détruit le caractère quantique de ces derniers, les ramenant à l’état de bits classiques. Cette problématique complique la performance des calculs quantiques.

Landry Bretheau explique que dans un état intriqué, plusieurs calculs peuvent être effectués en parallèle. La stabilité de ces états est précaire. Pour pallier ce problème, les techniques de correction d’erreurs quantiques (QEC) sont essentielles. Elles visent à atteindre une informatique quantique tolérante aux pannes.

Un autre obstacle réside dans la taille et la complexité des processeurs quantiques. Actuellement, ces processeurs sont volumineux et demandent des conditions spécifiques pour fonctionner, comme des températures extrêmement basses. Loïc Henriet insiste sur la nécessité d’un processeur classique pour orchestrer l’ensemble des tâches de calcul, soulignant ainsi l’interdépendance entre les deux types de processeurs.

Pour résoudre ces défis, des collaborations entre chercheurs et industriels sont majeures. Le CEA, par exemple, développe sa propre machine quantique avec le soutien de l’Institut de Physique Théorique. Nicolas Sangouard, directeur de recherche au CEA, souligne l’importance de ces efforts collectifs pour faire avancer la technologie.

ordinateur quantique

Pourquoi l’ordinateur quantique est une révolution incontournable

La quête de la suprématie quantique constitue une avancée scientifique majeure. Les efforts pour atteindre cette étape, où les ordinateurs quantiques surpasseront les ordinateurs classiques en termes de performance, mobilisent des investissements colossaux. Google, par exemple, a développé le processeur quantique Sycamore, capable de réaliser en trois minutes des calculs qu’un superordinateur mettrait 10 000 ans à effectuer.

Le Plan Quantum, annoncé par Emmanuel Macron en 2021, vise à positionner la France en leader des technologies quantiques. Avec un investissement de 1,8 milliard d’euros sur cinq ans, ce plan ambitionne de soutenir la recherche et d’accélérer le développement industriel du secteur. Isabelle Lefebvre, chercheuse au CNRS, souligne l’impact de ce plan sur l’écosystème français de l’innovation.

Les géants technologiques comme IBM et Atos multiplient les initiatives. IBM propose déjà en ligne de petits ordinateurs quantiques, facilitant ainsi l’accès à cette technologie pour les chercheurs et les entreprises. Atos, quant à lui, s’implique activement dans le développement d’applications pratiques, notamment en collaboration avec des leaders industriels.

Les applications potentielles de l’informatique quantique sont vastes et variées. Par exemple, Volkswagen utilise des algorithmes quantiques pour optimiser le trafic urbain, tandis que Qubit Pharmaceuticals s’appuie sur cette technologie pour accélérer la découverte de nouveaux médicaments. Ces exemples illustrent à quel point l’ordinateur quantique peut transformer des secteurs stratégiques.

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